Rencontre avec Christiane Veschambre

 

 

Rencontre de Christiane Veschambre, et de la poésie

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Une classe de Première littéraire et les optionnaires de lettres modernes de la Khâgne ont rencontré le mardi 15 mai  Christiane Veschambre, pour parler de son dernier livre intitulé Ecrire, un caractère.

Après la lecture de quelques extraits, et une première réaction d’élève (Ulysse),  « c’est beau à entendre », plusieurs points ont été abordés. Pourquoi faire d’Ecrire un « caractère », une personne qui s’introduit chez vous, avec qui vous  vivez, qui va, qui vient,  qui peut arriver sur « son char céleste » ou prendre la forme d’un « enfant » sur le seuil, qui se comporte comme un petit tyran, vous oblige à ne « rien faire » ou du moins donne l’impression, pendant longtemps, qu’on ne fait rien, qu’on ne travaille pas, mais qu’on est travaillé.

Travaillé par quoi ? Les émotions, les rêves, les films, les rencontres, n’importe quoi aussi à partir du moment où l’on vit sa vie en poète, où l’on prend du temps pour « puiser », « creuser » dans l’intériorité, alors que notre société nous incite nous extérioriser et à être spontané.

Libre, Ecrire, mais pas spontané. Car son travail à lui, n’est pas, comme celui de l’école, de vous apprendre ce que vous ne savez pas, mais de donner forme et justesse à ce qui « surgit » en vous. Intuition, non pas technique.

 

 

 

La deuxième partie de la séance s’est déroulée seulement en compagnie du petit groupe des optionnaires de lettres modernes, et les rôles se sont inversés : chacun a lu pour Christiane le court texte qu’il avait « écrit » librement  avant la rencontre, à partir d’extraits de son livre, et Christiane saisissait au vol les images, les expressions, les phrases qui faisaient son tour monter à ses lèvres cette parole : « comme c’est beau à entendre ».

Beau et juste, et résonnant  en écho avec les mots et les pensées de l’auteur.

« Je voulais dire la pluie comme une danse innocente. Des petites filles sautaient dans des flaques, ignorant tout de la nostalgie bleu foncé que les nuages apportaient ». (Vincent)

« Ecrire creuse, explore, découvre toute la profondeur de l’être. Il le sonde, le pénètre. Ce faisant, il se mêle à lui, ainsi la révélation se produit. » (Fatima)

« Ecrire, c’est crier. Ecrire c’est surtout lorsque tu rencontres la froideur glaçante du verre. Toi tu ne parles pas avec ta voix. Et j’entends encore cette société qui, dans ce leitmotiv concerté, continue de te demander : « Et toi, pourquoi tu ne t’exprimes pas ? » Mais pour lire ce que tu écris, on doit chercher dans l’immense bataille, et trouver comme récompense l’incomprise candeur du cristal. Parce que toi, tu ne cries pas avec ta voix ». (Sara)

« Ecrire ne s’entend pas avec Lire. Ils ne sont pas de bons amis. Lire c’est celui qui m’a contraint. Ici je choisis d’écrire. Ecrire ça sera moi. Et lire, personne. Je suis écrire et vous allez me lire. » (Clarisse)

« L’écriture se travaille comme un œnologue travaille son vin : c’est en écrivant de plus en plus que l’on prend du plaisir à savourer ce qu’on écrit. » (Mathilde)

« L’orgueil délaisse celui qui écrit, la chair est nue et se dénude encore sous la plume. Ecrire est le drap qui habille le corps tiraillé par les cicatrices d’aujourd’hui ou de demain. » (Mathilde)

« Ecrire, c’est s’inscrire dans la matière, se projeter, surgir vers. » (Constance)

 

Un grand merci à celle qui s’est faite, le temps d’une rencontre, bouche et oreille, passeuse en écriture.

 

Marie-Christine Sifre

 

 

 

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